20 Juillet 2023
(Cinéma – Le Renoir – Aix-en-Provence) Nanni Moretti nous embarque vers un avenir radieux
Difficile de ne pas penser à Jacques le Fataliste de Diderot où une histoire en appelle une autre qui en appelle une autre au point qu’elles se croisent, se succèdent, s’emmêlent. Nanni Moretti ou plutôt son double cinématographique tourne un film mais le film représente le film qu’on tourne… en famille mais une famille qui lui échappe de plus en plus sur fond d’invasion de la Hongrie en 1956 mais que le film reconstitue. Bref, le sujet est foisonnant et mélange allègrement les strates spatio-temporelles. A cela s’ajoute la mise en abîme, le film montre les difficultés politiques à créer aujourd’hui mais rappelle les difficultés politiques à créer hier le tout dans une métaphore crise familiale / crise cinématographique qui n’est jamais loin.
Ce serait peut-être avant tout un hommage au cinéma : les studios de Cinecitta, les références à Federico Fellini, Lola de Jacques Demy regardé régulièrement en famille, Renzo Piano qui fait une apparition dans le film comme McLuhan dans Annie Hall de Woody Allen et, à l’analyse plus complète du film, il s’en trouverait encore bien d’autres. L’ensemble est nostalgique mais pas trop, rythmé à coup de chansons populaires voire ringarde, acide avec la politique, la gauche, l’économie et irrésistiblement drôle à l’instar de l’apparition des équipes netflix qui assomment toute discussion d’un « En Italie vous n’avez pas de Star internationale » ou qui répète à l’envi « Nous sommes présents dans 190 pays » …
Bref, un génial foisonnement sur le brûlant sujet de la disparition qu’elle soit celle du cinéma, de la gauche, de l’émerveillement, de l’espoir traité avec une foi en l’avenir (radieux forcément) impressionnante. Le pouvoir du cinéma à réinventer la vie, à faire revivre l’imaginaire, à transformer la réalité par l’introduction d’une poésie de tous les instants fait que les spectateurs quittent la salle avec le sourire aux lèvres et une sérénité retrouvée. A voir donc et à savourer sans modération et à garder en bouche en oubliant temporairement la réalité qui est comparativement très moche.
« Vers un avenir radieux » - Comédie dramatique de Nanni Moretti avec Nanni Moretti, Margherita Buy, Silvio Orlando - Italie - 1h 35min
Les Cinémas Aixois :: Les films :: A L'affiche
Les films toujours à l'affiche au Cezanne, Renoir, Mazarin