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Blog de mes curiosités

[Arts du Cirque - Danse – Théâtre de Grasse – Grasse] « Minuit » de Yoann Bourgeois : Bien au-delà le la performance…

Théâtre de Grasse - Minuit de Yoann Bourgeois

Théâtre de Grasse - Minuit de Yoann Bourgeois

Il y a ce que le programme et le site disent : Il [Yoann Bourgeois] grandit dans un petit village du Jura. Le reste est passé très vite. Depuis quelques années, avec ses complices, il met en œuvre, par un processus de création ininterrompu, un programme consistant à désamorcer le temps, nommé : Tentatives d’approches d’un point de suspension. Sa vie est vouée à l’art vivant. Et il y a ce qu’ils ne disent pas : le circassien Yoann Bourgeois et le chorégraphe Rachid Ouramdane codirigent  depuis le 1er janvier 2016 le Centre chorégraphique national de Grenoble créé en 1984 et rebaptisé pour la circonstance   CCN2.

Son spectacle Minuit regroupe cinq pièces : Les paroles impossibles, Chaise Wakuwa, Culbuto, Fugue/Tbale, Fugue/Trampoline et solo avec harpe, voix, grosse caisse et machines. Mais loin d’être un spectacle à sketchs, chacune des parties est une profonde réflexion sur l’équilibre instable dans lequel nous vivons que ce soit par nos corps, nos gestes ou nos paroles. Les trois artistes du plateau (Yurié Tsugawa, Jean-Baptiste André et Yoann Bourgeois lui-même), dans diverses combinaisons animent et font vivre ce spectacle.  L’ensemble est accompagné par Laure Brisa à la harpe amplifiée et aux percussions qui se sert d’un looper pour reproduire le son en décalage. Elle interprète des œuvres de Philippe Glass dont la répétition est doublement répétitive avec le looper, sans doute du Spike Jones et enfin une œuvre de sa composition.

La scénographie plutôt minimaliste, représente une table avec des chaises, un escalier qui ne mène à rien au pied duquel est posée une chaise qui n’a pas grand-chose à faire là. Petit à petit, le spectacle prend corps et cet espace qui semblait vide se remplit par la gestuelle des comédiens et les éléments du décor qui inlassablement tombent en ruine. A mesure que les meubles se démantibulent, les corps se désarticulent dans une sarabande à couper le souffle puis dans un silence religieux, Yoann Bourgeois exécute une chorégraphie aérienne en rebondissant d’un trampoline caché à la vue des spectateurs vers l’escalier géant… toujours pus haut, toujours plus léger, toujours plus poétique.

Nul doute qu’au-delà de ses exploits  physiques, Yoann Bourgeois et ses acolytes développent une poétique de l’équilibre à travers le culbuto, une esthétique de la chute à travers les chaises et les tables qui s’écoulent, une réflexion sur l’impossible communication à travers les micros toujours trop hauts ou trop bas jugés qui plus est sur les estrades en équilibre, un lyrisme de la danse aérienne. Mieux encore, comment ne pas voir dans le spectacle de Yoann Bourgeois un clin d’œil  à la célébrissime scène de l’église dans le Petit Baigneur de Robert Dhéry avec la chaire qui s’écroule ?  Comment ne pas penser à la pièce Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco dans laquelle Béranger Ier règne sur un royaume qui part en miette ? Comment ne pas penser à l’autre pièce d’Eugène Ionesco Les Chaises sur l’impossible communication ?

 Décidément, nul doute que Yoann Bourgeois est bien davantage que ces cinq lignes de sa biographie.

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