[Cinéma – Cinéma des Beaux Arts - Monaco] "Julietta" ou Pedro Almodovar sans fioriture

S’il est un film dont il faut taire non seulement le final mais toute l’intrigue, c’est Julietta, vingtième film de Pedro Almodovar. Ici point de personnages hauts en couleur, point de renversements de situation fantasques ou fantastiques, point d’histoire alambiquée, rien qu’une vie, ses joies, ses douleurs, ses incompréhensions, ses brouilles.

Parler d’un film sans en révéler quoi que ce soit n’est pas chose aisée. Julietta est une historie de rencontre, d’amour, de filiation. Julietta est évidement un film sur le secret et le non-dit aux conséquences paroxystiques. Sans rien connaître de l’histoire, le spectateur est porté par la narration et ne se pose qu’une question « mais où nous mène-t-il ? ».

La construction même est plus classique : l’histoire débute à Madrid puis par une série de flash-back, le film entame sa narration entre présent et passé. La voix off de Julietta sur le ton de la confidence nous fait entrer dans son intimité. Mais même en confidence, Julietta est avare et, de peur que les mots ne se brisent sur sa douleur, elle transforme le récit en images du passé.

Pedro Almodovar débarrassé des scories, des soupapes tragicomiques de ses autres films qui soulageaient le spectateur, signe un film dur, vrai, épuré. Il signe en fait ce qui sera sans doute un de ses films essentiels, celui où il ne fait pas … de l’Almodovar.