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Blog de mes curiosités

[Musique - Opéra de Monte-Carlo - Monaco] Son (presque) excellence Don Giovanni

[Musique - Opéra de Monte-Carlo - Monaco] Son (presque) excellence Don Giovanni

Que faire d’un personnage aussi ambivalent que Don Giovanni, coincé dans une époque mais entrant en écho perpétuel avec toutes les époques contemporaines suivantes ? Que faire de ce personnage que nul ne sait définir avec précision mais qui, depuis Tirso de Molina jusqu’aux exégètes d’aujourd’hui qu’ils soient écrivains ou metteurs en scène, se décline année après année, siècle après siècle.

Jean-Louis Grinda a opté pour un parti pris qui lui a réussi jusqu’à présent dans les mises en scènes d’opéra souvent montés : celui de la lecture première, de la sobriété et, à la baguette, le choix de Paolo Arrivabeni confirme cette orientation. Les costumes sont soignés, les accessoires étudiés et la scénographie met en avant un paysage urbain dont les maisons au gré des scènes se rétractent ou avancent sur la scène. Les acteurs pour permettre un changement plus harmonieux de tableau sont régulièrement devant le rideau à l’avant-scène.

Le plateau est d’exception : réunir Erwin Schrott, Patrizia Ciofi, Sonya Yoncheva, Adrian Sampetrean, Giacomo Prestia et Maxim Mironov dans une distribution est évidemment un tour de force. Chacun contribue vocalement à rendre la représentation exceptionnelle.

Si la soirée fut musicalement une réussite, sans temps mort, elle a fait apparaître un certain nombre de limites à l’exercice. Tout d’abord, Don Giovanni se révèle très rapidement plus sexuel que sensuel ôtant par là même, ce qui fait l’irrésistible attraction de Don Juan : son ambigüité. Ensuite, pour intéressante que soit scénographie, ses mouvements d’avant en arrière finissent par lasser par trop de systématisme. Le public finit par anticiper les maisons qui avancent puis reculent ainsi que les passages devant le rideau. Enfin, l’absence manifeste de direction d’acteur pose davantage problème : chacun fait ce qu’il ressent souvent avec réussite mais Maxime Mironov, engoncé et planté sur scène de bout en bout, en est l’exemple inverse.

En dépit de cette direction hasardeuse, l’expérience de la scène des chanteurs et une alchimie entre certains d’entre eux donnent une dynamique à l’ensemble. Qu’on adhère ou pas au parti pris de Don Giovanni, Erwin Schrott habite le rôle. Hâbleur, pressé, téméraire, il est l’homme qui agace, l’homme à abattre. Les deux femmes incarnées par Sonya Yoncheva et Patrizia Ciofi semblent s’être jaugées au point de se partager les rôles, la première est tout en sensualité (donna Elvire), la seconde tout en retenue (Dona Anna). Et, enfin, le duo Leporello/Don Giovanni incarné par la basse Adrian Sampetrean et Erwin Schrott, complètement fusionnel, donne de l’ampleur au spectacle.

Don Giovanni demeure donc une des réussites de la saison mais avec un tel plateau, les faiblesses de la mise en scène apparaissent plus crûment. Son (presque) excellence Don Giovanni a donc seulement été très bon.

Opéra de Monte-Carlo © Théodore Charles un-culte-d-art.overblog.comOpéra de Monte-Carlo © Théodore Charles un-culte-d-art.overblog.comOpéra de Monte-Carlo © Théodore Charles un-culte-d-art.overblog.com

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