[Patrimoine – Cathédrale Notre-Dame-du-Puy – Grasse] Histoire des arts en un bas côté

Invariablement lorsque quelqu’un évoque les Rubens de Grasse, il se trouve toujours une autre personne pour s'exclamer « Il y a des Rubens à Grasse ? ». Et si vous commettez l’erreur de dire « Oui ! Dans la Cathédrale. », vous entendez immédiatement « Ah ! Parce qu’il y a une cathédrale à Grasse ? ». Bref dans l’ordre, il y a bel et bien une cathédrale à Grasse dans la mesure où la ville de Grasse a été érigée en évêché en 1244, par transfert de l'évêché d'Antibes et que la cathédrale Notre-Dame du Puy a abrité la cathèdre, siège de l’évêque jusqu’en 1790. Et les Rubens sont exposés depuis 1972 dans la cathédrale. Mais comme disait Pierre Daninos : « Si les Catacombes étaient à Florence, M. Daninos les aurait sans doute déjà visitées trois fois. Mais, habitant Paris depuis quarante ans, il ne les connaissait pas encore ».

Mais par quel miracle trois tableaux de Pierre-Paul Rubens se sont-ils retrouvés à Grasse ? Tout part de la commande de Jean Richardot à un jeune peintre flamand d'une œuvre pour la chapelle Sainte-Hélène de l’Église Santa-Croce in Gerusalemme à Rome. Le jeune peintre en question est Pierre-Paul Rubens alors au service du Duc de Mantoue. Pierre-Paul Rubens vient à Rome en 1602, exécute un premier tableau et se voit passer commande de deux autres œuvres. Le commanditaire supplie alors le Duc de Mantoue de lui laisser l'artiste encore quelques temps. Les trois tableaux restent dans la chapelle jusqu'en 1750 puis dans le monastère à un autre endroit jusqu'en 1811, date à laquelle ils se retrouvent dans une vente en Angleterre. La pérégrination pourrait s'arrêter là si ce n'est qu'un certain Monsieur Perole, industriel grassois de passage à Leipzig se fait payer une dette de 80 000 francs en tableaux : les tableaux de Rubens qu'il offre aux hospices de Grasse en 1827.

Côtoyant dans un bas-côté de la cathédrale, une œuvre attribuée à Ludovic Bréa datant de 1524 et représentant Saint Honorat, Saint Clément et Saint Lambert et Le lavement des pieds de Jean-Honoré Fragonard de 1754, commande de la confrérie du Saint Sacrement, les trois tableaux attribués à Pierre-Paul Rubens se composent du Couronnement d’épines, de Sainte Hélène et l’exaltation de la Sainte Croix et de L’érection de la Croix. Le cycle de la Croix dans lequel le clair-obscur domine semble donc faire partie des œuvres de jeunesse de Pierre-Paul Rubens. Mais l'attribution de ces œuvres à Pierre-Paul Rubens est-elle fiable ? Sans avoir une certitude totale, les trois tableaux de Pierre-Paul Rubens créées à Rome ont été décrits avec précision par Giovanni Baglioni dans les Vite di Pittori, Scultori et Architetti en 1750 et à quelques détails près, la ressemblance est frappante.

Mais le mieux est de s'en rendre compte soi-même et de venir jusqu'à la cité des parfum humer un patrimoine bien mis en valeur et savourer en un bas-côté une petite histoire de l'art expresse.