[Musique - Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo – Auditorium Rainier III – Monaco] un concert de clôture coupé en deux

Les cinéphiles connaissent parfaitement le phénomène des films coupés en deux, films composés de deux parties bien distinctes qui pourraient avoir chacune une existence autonome et pourtant reliées entre elles par un artifice plus ou moins ténu, plus ou moins tenable, plus ou moins fin, plus ou moins subtil. Pour le dernier concert de la Saison, l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo a interprété un concert coupé en deux intitulé les Amériques.

Comme le continent américain se compose de deux parties : la latine et l’anglo-saxonne, le concert de clôture a partagé son temps entre Amérique latine en première partie et Amérique anglo-saxonne en seconde. Dans la première partie, la surprenante Amazonas d’Heitor Villa-Lobos en première exécution à Monte-Carlo a eu son petit effet sur le public le plongeant dans les sons de la nature sud-américaine.

Toujours en première partie et également en première exécution à Monte-Carlo, l’artiste invité de la saison, le harpiste Xavier de Maistre  a exécuté magistralement le Concerto pour harpe, opus 25 d’Alberto Ginastera. Ceux qui ne le connaissaient pas encore pouvaient sans doute douter que la harpe puisse rivaliser avec l’orchestre mais ceux qui avaient déjà assisté aux précédentes prestations de Xavier de Maistre savaient que l’artiste était connu à la fois pour sa force d’exécution et son infinie délicatesse. Il n’a pas dérogé à sa réputation nous embarquant encore une fois dans sa féérie (http://un-culte-d-art.overblog.com/2018/03/musique-orchestre-philharmonique-de-monte-carlo-salle-garnier-monte-carlo-lucero-tena-et-xavier-de-maistre-concert-en-oxymore.html). A-t-il pensé à sa partenaire de saison Lucero Tena en interprétant en bis la Danse espagnole n°1 la Vida Breve de manuel de Falla ? Le public qui a suivi les concerts de Xavier de Mestre cette saison s’est remémoré cette instant de grâce de cette saison.

Il aurait fallu quitter la salle et partir sur les dernières notes de Xavier de Maistre car les choses se sont rapidement gâtées avec l’irruption en seconde partie de la musique nord-américaine.  Après avoir goûté toute la finesse de l’exécution de Xavier de Maistre, le public a failli mourir d’ennui à l’Appalachian Spring d’Aaron Copland et malgré toute la bonne volonté et le talent de l’orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, The Mississippi Suite, extrait de Tone Journey de Ferde Grofé  en première exécution à Monte-Carlo, rien n’y a fait. La magie n’opérait plus et cette musique de distraction ne pouvait en aucun cas rivaliser avec la profondeur des premières. Jamais les Amériques n’ont paru aussi éloignées.