[Cinéma – Le Rialto – Nice] Thelma et Louise dans la même auto

Il est des images qui restent en mémoire et celles de Thelma et louise ou plutôt l’image des deux protagonistes filant vers leur mort prochaine, prise de l’arrière de la voiture, reste encore en mémoire vingt-cinq ans après. Dans son film Folles de Joie, Paolo Virzi joue avec cette image et avec notre inconscient de spectateur.

Sur le road-movie s’arrête cependant la comparaison. Sans vouloir dévoiler l’intrigue, le film suit l’itinéraire de deux femmes prêtes à n’importe quel rebondissement pourvu qu’elles goûtent encore un peu à la liberté. Elles sont désaxées, déjantées, alternent moments de lucidité et moments de crise. La grande qualité du film repose sur le traitement des deux personnages qui après force loufoqueries et autres fredaines schizophréniques finissent par porter un regard juste sur ce qu’elles ont : « j’aimerais tellement me reposer » disent-elles évoquant d’ailleurs la mort comme issue possible.

L’abattage auquel elles se livrent sur un rythme endiablé semble incohérent, invraisemblable ? Qu’importe, leur tourbillon emporte tout sur leur passage et le spectateur y adhère sans plus se poser de questions passé le premier effet de surprise. Beatrice Morandini Valdirana (Valeria Bruni-Tedeschi) donne des ordres, dirige tout son monde fantasmagorique à la baguette, du moins le croit elle et Donatella Morelli (Micaela Ramazzotti) suit, abandonne, tombe, se redresse, revit, dégringole à nouveau à un rythme démentiel et avec une force hors du commun.

Lorsqu’il se dirige vers le mélo, lorsqu’il lorgne vers le pathos, le film devient moins puissant. Il était inutile d’infliger au spectateur la confession de Donatella Morelli, il était arrivé depuis quelques temps aux mêmes conclusions. Au lieu de donner l’heure, Paolo Virzi finit par nous expliquer le fonctionnement de la montre ; à ce détail près, Folles de Joie demeure une bonne surprise.