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Blog de mes curiosités

[Musique – Opéra de Monte-Carlo – Monaco] Tout mon amour dans cet élixir

[Musique – Opéra de Monte-Carlo – Monaco] Tout mon amour dans cet élixir

« Il semblait inutile de rester à attendre près de la petite porte ; c'est pourquoi Alice revint vers la table, en espérant presque y trouver une autre clé, ou, du moins, un livre contenant une recette pour faire rentrer les gens en eux-mêmes, comme des longues-vues. Cette fois, elle y vit un petit flacon ("il n'y était sûrement pas tout à l'heure", dit-elle,) portant autour du goulot une étiquette de papier sur laquelle étaient imprimés en grosses lettres ces deux mots : "BOIS-MOI."

Dès mon entrée dans la salle, en observant la scénographie à vue de Christian Taraborrelli pour L’Elisir d’amore de Gaetano Donizetti mis en scène Adriano Sinivia, ma première pensée est allée non seulement à Lewis Carol mais aussi à L'Homme qui rétrécit de Jack Arnold : épis de blé s’élançant dans les cintres, roue de tracteur démentielle, tout concourt à nous penser lilliputiens. Ma deuxième pensée a été de me demander si ce parti pris allait tenir ou s’il n’était que gadget : partition de Wagner … version puzzle, arrivée roulante de soldat dans une boîte de conserve, lapins géants, poules gigantesques et autres animaux de cette ferme monstrueuse se poursuivant en ombre en fond de scène, le metteur en scène suit son idée et ne la lâche pas.

Le parti pris qui flirte avec le cinéma d’animation convient à une œuvre qui, admettons le, n’a pas grand-chose de réaliste et qui convoque allègrement des caractères aussi bien trempés que l’amoureux transi, le bellâtre attractif, la dulcinée inconstante, le charlatan sans vergogne. L’équipe artistique traduit ce « melodramma giocoso » en souvenirs d’enfances et s’en amuse réellement. Adina, reconstitue un méga-partition tombée du ciel, Belcore sculpte son extravagante chevelure, Dulcamara, sur ses drôles de machines, campe un médecin charlatan tout droit sorti d’une bande dessinée de Lucky Luke. Les chœurs-soldats sortant de leur "char d'assaut - boîte de conserve" titubent et s'en mêlent à leur tour.

Toute cette dynamique est-elle partie de la fosse d’orchestre ou l’a-t-elle gagnée ? Assurément, Nathalie Stutzmann a, elle aussi, pris le parti de la couleur et de l’amusement. Elle invite les musiciens de l'orchestre philharmonique de Monte-Carlo à entrer dans cette danse jubilatoire et les musiciens le lui rendent bien ; ils sont heureux de jouer (dans tous les sens du terme) ensemble … quel plaisir de voir, contrairement à d’autres moments de la saison, un orchestre enjoué mené de main de maître. Car, ne nous y trompons pas, pour sa première direction d’opéra, Nathalie Stutzmann confirme tous les talents qu’on lui connaissait déjà notamment dans la direction d’Orfeo 55.

J’avais déjà marqué mon enthousiasme pour les deux concerts d’Orfeo 55 à Monaco les années passées (voir article « Marivaudages à tous les étages » de février 2013), j’ai littéralement fondu au concert de Nathalie Stutzmann et Inger Södergren en octobre 2013 au 30ème Festival des Heures Musicales de Biot, je découvre avec le même plaisir ce soir Nathalie Stutzmann, chef d’orchestre … aurais-je goûté de cet élixir ? Serais-je un inconditionnel ? Assurément !

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