[Musique : Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo – Monaco] Isabelle Faust, Antoine Tamestit, Regula Mühlemann Jean-François Lapointe et le Chœur Philharmonique de Tokyo : Plateau d’exception

Les personnes âgées vous le répéteront à l’envi : il ne faut jamais se plaindre que la mariée soit trop belle. C’est pourtant l’impression que le public a ressentie à l’auditorium Rainier III en voyant le plateau d’exception annoncé pour la soirée : Symphonie Concertante pour violon, alto et orchestre, K. 364 de Wolfgang Amadeus Mozart et le Requiem, opus 48 de Gabriel Fauré. Sur le plateau : Chœur Philharmonique de Tokyo, présence de la violoniste Isabelle Faust et de l’altiste Antoine Tamestit d’une part, de la soprano Regula Mühlemann et du baryton Jean-François Lapointe d’autre part.

Les habitués de France Musique connaissent surtout Isabelle Faust. L’entendre dans la Symphonie Concertante pour violon, alto et orchestre, K. 364 de Wolfgang Amadeus Mozart avec Antoine Tamestit permet de remettre l’alto au centre du jeu. L'alto était considéré à l’époque de Mozart comme secondaire et pour bon nombre de personnes, il l’est toujours. Ecouter Adrien La Marca ou ce soir Antoine Tamestit permet d’entendre qu’il n’en est rien. Il existe peut-être de mauvais altistes… comme de mauvais violonistes mais l’affaire s’arrête là. Hésitant entre la symphonie et le concerto, la Symphonie Concertante pour violon, alto et orchestre, K. 364 de Wolfgang Amadeus Mozart mêle habilement le timbre du violon à celui de l'alto et jouée par deux personnalités comme ce soir, elle laisse sans voix.  

Dans toute soirée musicale, une telle œuvre et de tels interprètes auraient pu grandement suffire au bonheur du public mais l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, jamais avare de surprises, avait décidé de souligner une face encore méconnue de son directeur musical Kazuki Yamada : sa fonction de Directeur Artistique du Chœur Philharmonique de Tokyo.  Au programme, La Messe de Requiem en ré mineur, opus 48 de Gabriel Fauré dont le compositeur disait Mon Requiem a été composé pour rien… pour le plaisir, si j’ose dire ! Il a été exécuté pour la première fois à la Madeleine, à l’occasion des obsèques d’un paroissien quelconque.

La présence des solistes Regula Mühlemann et Jean-François Lapointe pouvaient passer sur le papier comme bien luxueuses jusqu’à ce que le Chœur Philharmonique de Tokyo entonne les premières notes. Premier chœur professionnel de musique classique à avoir été créé au Japon en 1956, le Chœur Philharmonique de Tokyo composé d’une vingtaine de femmes en robe longue blanche et d’une quinzaine d’hommes en frac ne laisse immédiatement personne indifférent. Admirable dans les ensembles, le chœur est d’une précision dans le phrasé et l’articulation dont un certain nombre de solistes (non présents ce soir) devraient s’inspirer : le Requiem, comme la mélodie ou l’opéra, repose sur un texte qu’il est important de rendre audible et ce fut le cas ce soir. Et de grands artistes comme Regula Mühlemann et Jean-François Lapointe ne s’y sont point trompés accompagnant le public dans une ovation méritée. Le concert de ce soit s’appelait Alchimies… excellentes alchimies !