[Musique – Printemps des Arts - Grimaldi Forum Monaco] Une ouverture à l’américaine

C’est au Grimaldi Forum que Marc Monet a prévu la soirée d’ouverture du Printemps des Arts 2018 et cette nouvelle édition aura deux fils rouges… entre autres : la musique du compositeur Charles Ives et les Sequenze de Luciano Berio à dose homéopathique. Pourquoi à dose homéopathique ? Afin d’initier le public le plus large à l’œuvre de Luciano Berio, Marc Monet a ainsi disséminé ses Sequenze au début de chaque concert. Là où un public restreint de mélomanes ou de curieux se serait déplacé à un concert entièrement dédié aux Sequenze, le public habituel se voit contraint d’écouter. Le deuxième invité du Festival est le compositeur Charles Ives né le 20 octobre 1874 à Danbury, dans l'État du Connecticut et mort le 19 mai 1954 à New York. Charles Ives pourrait représenter à lui seul une métonymie des États-Unis d’Amérique alliant grand sens des affaires et création musicale.

Pour donner à cette ouverture tout le solennel qu’il convient aux grandes ouvertures, le Printemps des arts s’est mis à la mode américaine en proposant outre la Symphonie n°2 de Charles Ives, les plus populaires Ouverture de Candide ou la Suite de danses symphoniques de West Side Story de Leonard Bernstein, histoire de faire digérer aux récalcitrants la Sequenza de Luciano Berio pour flûte. Le Printemps des Arts a choisi pour ce concert d’ouverture de lancer une action spécifique en direction des scolaires mais déjà juste derrière ça râle. Une dame certes mélomane, mais qui a la détestable habitude intrusive de se croire chez elle partout s’agite : trop de scolaires. Elle les voudrait moins nombreux, plus loin et si possible dans une autre salle… et à une autre date. La dame qui l’accompagne, professeur émérite du Conservatoire national à rayonnement régional Pierre Cochereau de Nice opine. Pourtant, les élèves sont parfaitement encadrés par des enseignants qui veillent contrairement aux adultes à faire éteindre les téléphones portables. Tiens ! Légère agitation ? L’arrivée de la famille princière provoque chez les plus jeunes un intérêt non dissimulé.

L’ouverture de l’ouverture est consacrée à la Sequenza pour flûte de Luciano Berio interprétée par le jeune soliste Samuel Bricault. Devant, du côté du jeune public, pas le moindre signe d’agitation, pas de rire nerveux, pas d’aigreur. Ce n’est pas le cas de l’arrière qui rend un verdict que nul ne lui a demandé d’ailleurs : aucun intérêt ! Visiblement certains mélomanes boulimiques ont leur limite, la jeunesse, non… Une chance ! Pour les symphonies, ouverture et autre Ssuite, le Printemps des Arts a invité l’Orchestre National de France dirigé par Yutaka Sado. D’une manière à la fois précise et enlevée, Yutaka Sado fait vibrer l’orchestre puis la salle par résonnance. Les deux publics distendus par le Berio finissent par se rejoindre temporairement La Symphonie N°2 de Charles Ives est moins convenue qu’attendue, elle surprend sans réellement faire adhérer mais assurément elle donne envie d’en entendre davantage. N’est-ce pas d’ailleurs l’objectif d’une soirée d’ouverture de provoquer l’envie ?