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Blog de mes curiosités

[Musique – Printemps des Arts – Salle Garnier – Monaco] Comment le Quatuor Renaud Capuçon devint en une soirée le Quatuor Exachnosi

Monaco - Printemps des Arts ©Théodore Charles/un-culte-d-art.overblog.com

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Le Printemps des Arts met à l’honneur ce soir deux des derniers quatuors de Ludwig van Beethoven et le quatuor Renaud Capuçon composé de Renaud Capuçon et de trois autres musiciens. Cela peut surprendre a priori que le nom d’un quatuor soit le nom éponyme d’un des musiciens mais il marque surtout la différence de notoriété médiatique entre les membres du quatuor plutôt qu’une différence de talent. D’autant qu’outre le violoniste Renaud Capuçon, le quatuor rassemble le violoncelliste Edgar Moreau dont la notoriété est toujours plus grande, l’altiste Adrien La Marca qui rend à l’alto ses lettres de noblesse et du violoniste Guillaume Chilemme qui occupe sans doute la plus mauvaise place car jouant du même instrument que Renaud Capuçon.

Il est désormais inutile de préciser à nouveau que les quatuors de Ludwig van Beethoven sont précédés par une œuvre de Mauricio Kagel qui est ce soir Pandorasbox… tout un programme. Dans cette courte pièce créée en 1960, Jean-Etienne Sotty joue avec sa boîte de Pandore… son bandonéon. La pièce très visuelle comme toutes les pièces de Mauricio Kagel le met physiquement aux prises avec son propre instrument. Il faut être sérieusement comédien pour exécuter Pandorasbox car tel un dessin animé ou un film fantastique, le bandonéon a pris son autonomie et n’entend plus obéir ni à l’œil, ni aux doigts de celui qui prétend le maîtriser, le dompter.

Il est désormais coutume d’isoler les cinq derniers quatuors que Ludwig van Beethoven a composés. Le Quatuor à cordes n°12 en mi bémol majeur opus 127, composé quatorze ans après le Onzième Quatuor et publié en 1826 avec une dédicace au prince Galitzine, est le premier des cinq derniers quatuors.   Le Quatuor à cordes n° 16 en fa majeur opus 135, composé rapidement de juin à septembre 1826 et publié en septembre 1827 avec une dédicace à Johann Wolfmayer, un commerçant mécène, est le plus court des derniers quatuors. Le compositeur l'intitula Der Schwer gefaßte Entschluß (La résolution difficilement prise) et il ne fut jamais joué du vivant de son compositeur. Le troisième mouvement porte le titre Süsser Ruhegesang, Friedensgesang (doux chant de repos, de paix) et le dernier mouvement porte une inscription de la main du compositeur : Muß es sein? Es muß sein! (Le faut-il ? Il le faut !)… les dédicaces parleraient-elles d’elles-mêmes ?  

Le programme étant prévu sans entracte… il y en eut un ou plutôt un précipité dès les premières mesures du dernier quatuor indépendamment de la volonté des artistes, le violoncelle d’Edgar Moreau n’ayant pas supporté l’humidité ambiante et nécessitant un nouvel accord. Hormis cet incident, quel plaisir d’entendre quatre musiciens de ce niveau jouer ensemble dans cet écrin qu’est la salle Garnier. Cette proximité avec les musiciens, cette étrange impression de présence au cœur même du quatuor, cette musicalité exacerbée sortie de cet alliage humain est tout sauf de circonstance. Il faut bien plus que quatre artistes de talents pour faire ressurgir ainsi Ludwig van Beethoven, il faut quatre artistes qui s’entendent et savent s’effacer devant une œuvre pour la porter aux nues, pour la sublimer. Le Quatuor Exachnosi (sublimation) serait-il un nom plus adéquat ?

Monaco - Printemps des Arts - Quatuor Renaud Capuçon ©Théodore Charles/un-culte-d-art.overblog.comMonaco - Printemps des Arts - Quatuor Renaud Capuçon ©Théodore Charles/un-culte-d-art.overblog.com

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