[Cinéma / Musique – Opéra de Monte-Carlo – Institut audiovisuel – Monaco] La Veuve joyeuse d’Erich von Stroheim : Heure(s) exquise(s)

Trois ans après Folies de femme d’Erich von Stroheim (http://un-culte-d-art.overblog.com/2015/06/cinema-et-musique-archives-audiovisuelles-de-monaco-et-orchestre-philharmonique-de-monte-carlo-salle-garnier-monaco-folies-de.html) à l’époque en collaboration avec l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, le tout nouvel institut audiovisuel de Monaco (Ex-archives audiovisuelles de Monaco) propose à nouveau un film d’Erich von Stroheim La Veuve Joyeuse.  Cette nouvelle proposition scelle l’excellente collaboration entre l’institut audiovisuel de Monaco et l’Opéra de Monte-Carlo qui, pour la troisième fois consécutive, font appel à Jean-François Zygel pour accompagner un film muet après le Fantôme de l’Opéra de Rupert Julian en 2016 (http://un-culte-d-art.overblog.com/2016/10/cine-concert-archives-audiovisuelles-de-monaco-opera-de-monte-carlo-monaco-un-lancement-de-saison-a-nous-laisser-sans-voix.html) ou le Faust de Friedrich Wilhelm Murnau en janvier dernier (http://un-culte-d-art.overblog.com/2018/01/musique-et-cinema-archives-audiovisuelles-de-monte-carlo-opera-de-monte-carlo-monaco-faust-ce-diable-de-jean-francois-zygel.html).

« D’après l’œuvre de Franz Lehár » précise l’affiche et la précision est d’importance car Erich von Stroheim ne s’est pas contenté de mettre en images l’opérette viennoise, il en a profondément transformé l’intrigue. Ainsi si Misia est veuve dès l’entame de l’opérette, elle arrive célibataire dans le royaume du Montebianco, petite monarchie d'Europe centrale décrite par le film. De plus, si un prince et son cousin s'affrontent pour faire revenir une jeune veuve fortunée dont ils sont amoureux dans le film, le personnage du prince héritier Mirko est absent de l’opérette et créé pour le film. Enfin, le film datant de 1925 s’inspire de la situation politique balkanique des années 1900-1914 avec ses problèmes de succession, ses attentats, etc.

Ne cherchez pas davantage la carrière postérieure des principaux acteurs du film, quasiment aucun des principaux protagonistes ne dépassera le stade du parlant. Leurs expressions à l’écran confirment d’ailleurs qu’ils étaient sans doute faits pour le muet. En revanche, l’œuvre, quelle que soit sa forme, est passée à la postérité et le cinéma lui a consacré au moins trois adaptations, celle d’Erich von Stroheim en 1925, celle d’Ernst Lubitsch en 1934 et celle de Curtis Bernhardt en 1952. Celle d’Erich von Stroheim, outre qu’elle est novatrice, est une gageure en elle même puisqu’elle met à l’écran une opérette au temps du cinéma muet.

Il fallait donc encore une fois le talent de Jean-François Zygel pour accompagner, animer, mettre en mouvement et en musique La Veuve Joyeuse d’Erich von Stroheim. Le talent d’improvisation de Jean-François Zygel n’aura toujours pas été pris ne défaut et pendant 112 minutes, il aura accéléré ou modulé les tempi de sa musique improvisée pour nous faire ressentir, les joies du mariage, les fêtes, les trahisons, les amours contrariées, les bals, etc. Et bien évidemment, c’est avec des variations récurrentes d’Heure exquise (que toute personne d’un âge certain peut vous fredonner à la commande) que Jean François Zygel a ponctué sa performance musicale.

Quoi de plus normal quand vous vous remémorez les paroles de cet extrait de l’opérette de Franz Lehár :

Heure exquise
Qui nous grise
Lentement

 soit exactement le sentiment qu’ont ressenti les spectateurs de cet événement toujours magique.

« La Veuve Joyeuse » – Comédie, Drame d’Erich Von Stroheim avec Tully Marshall, John Gilbert, George Fawcett – États-Unis – Durée : 1h 51min