[Patrimoine – Chapelle Notre-Dame-du-Haut – Ronchamp] Architecture duelle pour architectes duettistes

Je n'avais rien fait de religieux, mais quand je me suis trouvé devant ces quatre horizons, je n'ai pu hésiter déclarait Le Corbusier avant la construction de la chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp et, effectivement, pour découvrir la chapelle, il faut d’abord découvrir son promontoire. Il faut désormais associer le nom de Renzo Piano à celui de Charles-Édouard Jeanneret-Gris dit Le Corbusier car les deux architectes ont aménagé l’espace afin d’en faire ressortir sa dualité, son apparente contradiction.

Construite de 1953 à 1955 sur la colline de Bourlémont à Ronchamp en Haute-Saône, la chapelle Notre-Dame-du-Haut attire davantage de monde que sa simple fonction car elle témoigne de l’architecture du XX^ème siècle.  Si son image a fait le tour du monde en timbre poste, carte postale et autres objets, elle se dissimule aux yeux des hommes et ne se découvre qu’en franchissant la porterie.

Bien évidemment, les anti-Le Corbusier trouveront qu’après l’orage de 1913 qui mit le feu à la chapelle et l’artillerie allemande qui réduisit sa nouvelle mouture en cendres, la nouvelle catastrophe aura été de lui confier la construction du nouvel édifice mais ceux qui sont curieux feront le tour des bâtiments avec un intérêt croissant observant que la chapelle est réversible avec un lieu d’accueil en intérieur et en extérieur.

Ces dualités visible/invisible, intérieur/extérieur ont été exploitées par Renzo Piano à qui est revenu le soin de construire une nouvelle porterie et un couvent. Comme par un dialogue virtuel et atemporel, Renzo Piano retravaille les dualités de Le Corbusier. Le couvent lieu de l’intérieur disparaît sous les accidents de terrain, devient invisible aux yeux des hommes et pourtant abrite une communauté religieuse tandis que la porterie, intrinsèquement symbolique de l’intérieur et de l’extérieur, devient le lieu qui rend visible ce qui était invisible du parking.

Le site est inscrit, avec seize autres œuvres architecturales de Le Corbusier, sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2016. N’oublions pas cependant les deux autres artistes associés au lieu : Renzo Piano pour la seconde partie du site et le paysagiste Michel Courajoud qui en a remodelé les espaces paysagers et a assuré la végétalisation des bâtiments, rendant le lieu encore plus attractif et lui attribuant une attraction à la fois cultuelle et culturelle, belle dualité.