14 Août 2017
A l’époque industrielle, l’île de Nantes à quelques encablures du centre au-delà du bras de la Loire constituait un grand espace logistique et industriel. Un quartier industriel s’est d’abord développé au XIXème siècle à l’ouest de l’île autour du port reposant sur la construction navale (chantiers navals de Loire et de Bretagne), le raffinage alimentaire (l’usine Say devenue Béguin-Say en 1973 spécialisée dans la raffinerie du sucre venant des Antilles), l’emballage et la papèterie.
Monstre industriel, les chantiers navals employaient 8000 salariés et génèraient indirectement 25 000 emplois en 1950. Mais l’industrie nantaise subit la concurrence internationale comme de nombreuses villes et lors de la fermeture des chantiers navals Dubigeon en 1987, l’île devient une de ces friches industrielles qui dégradent l’image d’une ville.
Cependant, la situation de l’île qui se trouve au centre géométrique de l’agglomération et dans la continuité directe du centre ancien présente un intérêt. De plus, la situation fluviale permettant l’aménagement des rives devient un atout dans un contexte de réappropriation des bords de fleuve par les piétons et de reconnexion entre la ville et le fleuve.
Outre l’installation du Conseil régional, la construction d’un quartier d’habitation à l’Est de l’île et la préservation d’un vaste îlot sauvage à la pointe Est, les friches industrielles se sont redynamisées à grand renfort de projets émanant d’acteurs locaux. Parmi eux, beaucoup concernent l’art et la culture.
Le quai des Antilles date de 1901. Sa fonction première dès 1929 est d’accueillir les bananes débarquées de Guadeloupe, Guinée et Côte d’Ivoire. 93 grues, 6 km de quais débarquaient 3 millions de tonnes de marchandises jusqu’à ce que l’activité se délocalise vers Saint-Nazaire. Réhabilitée dès 2006, le projet a conservé chacun des hangars transformés en restaurants, bars, discothèques, salles d’exposition. Coincés entre deux grues rescapées dont la grue Titan représentant le passé, les hangars font face aux anneaux de Daniel Buren qui représentent le contemporain.
A deux pas de là, au centre de la grande halle-verrière des chantiers navals, deux créateurs François Delarozière et Pierre Orefice construisent les Machines de l’île, véritable monde fantasmé à la croisée des mondes inventés de Jules Verne, de l’univers mécanique de Léonard de Vinci et de l’histoire industrielle de Nantes. Ainsi le Grand Eléphant, une Raie Manta, le Serpent des Mers et d’autres embarcations incroyables sont venus peupler l’île. Les deux concepteurs ont également fait le choix de montrer l’intégralité du processus de création, présenté par leurs soins, depuis les premiers dessins de François Delarozière jusqu’à la balade en dos d’éléphant mécanique dans les anciennes Nefs Dubigeon.
A nouveau projet d’aménagement, nouveau projet fou de nos deux compères : l'Arbre aux hérons dans la carrière Miséry devrait voir le jour en 2021. D'ici 20 ans, l'ancien quartier des conserveries doit accueillir 1500 nouveaux logements et 70 000 m2 d'espaces économiques supplémentaires. Comme le Grand Éléphant sur le parc des Chantiers en 2007, l'arrivée de l'Arbre aux hérons dans la carrière Miséry marquera le renouveau du Bas-Chantenay.