Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
un-culte-d-art.overblog.com

Blog de mes curiosités

[Musique – Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo - Opéra Garnier – Monaco] L’élégance de maître Kazuki Yamada

©Théodore Charles/un-culte-d-art.overblog.com
©Théodore Charles/un-culte-d-art.overblog.com

Encore quelque peu sonné par les nouvelles de la veille, le public est néanmoins présent à la salle Garnier à Monaco pour le concert de ce dimanche matin. L’ironie de l’histoire veut que soit programmé aujourd’hui le Requiem en ré mineur, KV 626 de Wolfgang Amadeus Mozart. Trois bonnes raisons ont poussé le public à sortir : la très furieuse envie de montrer que « décidément non ! Ces [censuré] ne nous paralyseront pas de peur », l’envie d’entendre dans de bonnes conditions cette œuvre majeure et une irrépressible mais humaine envie de rendre hommage. Certes le Requiem est religieusement marqué mais celui-ci est suffisamment ancien pour avoir quitté sa sacralité religieuse au profit d’un syncrétisme patrimonial audible donc par les religieux, les agnostiques et les athées de tout poil et de toute obédience.

Dès son arrivée, Kazuki Yamada en français demande que tout le monde se lève pour une minute de silence surprenant le public anglophone. Que Kazuki Yamada commence à parler français, rien que de très conforme à ce qu’il avait promis lors de la conférence de presse. Mais comme il avait précisé que dans un an il parlerait la langue de Molière, son appel à l’hommage en français sonne aujourd’hui comme une très élégante révérence envers les victimes.

Passé l’hommage, Kazuki Yamada montre toute la facette de son talent déjà entraperçu et plus qu’entendu lors de la Trilogie Romaine d’Ottorino Respighi un mois plus tôt. Il cumule en lui rigueur, douceur et énergie comme trois forces équitablement équilibrées, en parfaite harmonie. Il imprime à l’orchestre la force qu’il marque dans sa gestuelle, il le tempère, le retient lorsqu’il le faut et dirige l’ensemble avec une précision d’horloger suisse.

Pour mener à bien de tels enjeux en de telles circonstances, mieux vaut bien s’entourer et de ce point de vue, Kazuki Yamada est parfaitement secondé : par l’orchestre d’abord et Liza Kerob en particulier, par le chœur de la radio hongroise ensuite, déjà entendu dans le Stabat Mater de Gioachino Rossini en ouverture de saison et par quatre talentueux solistes : la soprano Ilaria Del Prete, la mezzo-soprano, Marina Domashenko sans doute un cran en dessous de ses trois partenaires, le ténor Giuseppe Filianoti qui de glabre est devenu barbu et la basse Mirco Palazzi qui, de barbu est devenu glabre sans qu’il faille y voir, bien évidemment, le moindre signe.

La force et le mystère qui entourent ce requiem, la chaleur et la ferveur de son interprétation, sa résonance dans nos âmes et dans nos cœurs encore plus réceptifs en la circonstance ont placé pour une heure nos corps et dans nos têtes en lévitation, en communion, en harmonie avec un monde plus pacifique.

Comme il l’avait entamé, Kazuki Yamada a terminé son concert en toute élégance s’effaçant derrière les solistes, déambulant entre les pupitres pour faire applaudir tout l’orchestre, souhaitant faire saluer Liza Kerob qui décline l’offre, accompagnant le chef de chœur Zoltan Pad sur le devant de la scène pour qu’il reçoive un légitime hommage.

Si un biographe souhaite un jour se lancer dans la biographie de Kazuki Yamada, il aura un titre tout trouvé : L’élégance de Maître Kazuki Yamada.

Kazuki Yamada - Opéra de Monte-Carlo - Place du Casino - Monaco ©Théodore Charles/un-culte-d-art.overblog.comKazuki Yamada - Opéra de Monte-Carlo - Place du Casino - Monaco ©Théodore Charles/un-culte-d-art.overblog.comKazuki Yamada - Opéra de Monte-Carlo - Place du Casino - Monaco ©Théodore Charles/un-culte-d-art.overblog.com

Kazuki Yamada - Opéra de Monte-Carlo - Place du Casino - Monaco ©Théodore Charles/un-culte-d-art.overblog.com

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article